mercredi 18 novembre 2009

Les chinois

Petit, jaune et fourbe, le chinois se reproduit frénétiquement pour fournir la main d'œuvre de nos fabricants de jouets.

Ainsi, lors que gavés, repus, nous regardons avec attendrissement nos mouflets se précipiter sur les paquets-cadeaux qui encombrent le pied du sapin, lui-même destiné à encombrer quelques jours plus tard le bas-côté que le morne éboueur subsaharien désengorge quotidiennement, et bien le petit chinois, lui, rapporte de quoi mettre une cuillère d'huile sur le riz.


En termes économiques, on dit alors que la mondialisation ressort d'un modèle "win-win". Comme on disait hier que la mission civilisatrice de l'homme blanc est un lourd fardeau, mais que c'est un devoir moral vis-à-vis de ces pauvres nègres sauvages qui s'égayent dans la savane en toute insouciance (de grands enfants).

Nous pourrions nous arrêter sur cette touchante scène empreinte de l'esprit généreux, fait de partage et de convivialité, de Noël. Hélas, trois fois hélas, c'est justement là que nous touchons d'un doigt hésitant et malhabile au problème.
Emporté par l'explosion du budget loisirs-cadeaux-écran plat de l'occidental, le chinois (petit, jaune et fourbe) se voit contraint de copuler d'autant plus intensément pour que la main d'œuvre suive.


Et là, en somme.

C'est le drame.

Car à gâter nos enfants de gadgets puérils et inutiles (ce petit rom ne s'amuse-t-il pas aussi bien, en sa riante banlieue de Timisoara, avec une boîte de conserve vide ?) nous entretenons en Chine une démographie galopante, peinte aux couleurs de suantes frénésies copulatoires dont seuls les asiatiques ont le secret, qui ne peut qu'amener le monde au bord de la guerre et du malheur généralisé.


Car il y a, au moment où vous lisez ces lignes, plus d'un milliard et demi de (petits, jaunes et fourbes) chinois, pour l'instant occupés à produire nos jouets pour le prochain décembre, mais qui sait ? Peut-être rêvent-ils déjà, leur subtile fourberie dissimulant leurs fantasmes dominateurs derrière le masque d'un sourire énigmatique, de fabriquer des autocuiseurs, voire des surgénérateurs de type EPR ?


Vous imaginez, vous, les chinois dominer le monde avec le bordel que c’est chez eux ?

vendredi 13 novembre 2009

Le thé brûlant

Les villes, à l’aube du vingt et unième siècle, sont devenues des zones de non droit en proie aux exactions de hordes de délinquants issus d’au-delà des mers et des montagnes. 

C’est bien connu, la télé le dit.


Impossible de nos jours, de sortir acheter son pain sans coups et blessures aggravés. Parfois, l’acte de barbarie ne tient qu’un à fil. 

Ainsi il ne semble pas tout à fait anormal que la police, dans sa noble mission de protection des citoyens, soit dure mais juste. Surtout dure, il est vrai. Nul se saurait donc s’étonner qu’à l’occasion, les cris retentissants d’une victime soumise à l’oppression manifeste d’agresseurs aussi zélés qu’en faillite scolaire attirent l’action – dure mais juste – des forces de l’ordre douloureusement conscientes de leurs responsabilités.

Peut-être l’as-tu aussi remarqué, toi qui me lis – que je salue au passage – mais le respect de la vie privée, face à l’état d’urgence perpétuel dans lequel nous vivons, passe fort logiquement au second plan de préoccupations sécuritaires sommes toutes faites pour notre bien. Honni soit qui mal y pense. Dans ce registre, l’effraction de forces de police au domicile des gens ne saurait choquer, pour peu que les dits gens soient manifestement victimes d’une attaque - d’où les hurlements qui s’échappent parfois par delà le seuil de tout un chacun. Reprochera-t-on alors à l’agent de la paix soucieux de faire son devoir d’avoir enfoncé la porte pour porter secours à la personne aux prises avec l’adversité ?


Ce serait bien ingrat.

Hélas, l’humain est ainsi fait qu’il se trompe parfois. Dans des circonstances où l’urgence ne paraît souffrir d’aucun recul ni d’aucune temporisation, n’importe qui est porté à faire des erreurs de jugement et à avoir des réactions inappropriées, voire excessives. C’est ainsi, et que le premier qui n’a jamais pêché jette la première pierre. Quand on est pressé par le temps, on a parfois des réflexes malheureux.

J’aime beaucoup boire du thé le soir. Je sors mon bol en plastique rouge et noir, je fais chauffer de l’eau à la bouilloire électrique. Je place une cuillère et un sachet dans le récipient, j’attends que le liquide soit prêt, je le verse délicatement.

Je ne suis pas d’un naturel très gourmand, mais quand je me sers, j’aime bien avoir ma dose. Je fais donc attention, quand je remplis mon bol, de mettre le maximum d’eau bouillante. Puis je prends le bol et, avec circonspection, je sors de la cuisine pour emprunter le long couloir qui mène au salon et à la fenêtre à laquelle je me poste, songeur, pour déguster mon thé. C’est comme ça, pour moi, le thé, c’est tout un cérémonial.

Le problème, comme tu le devines sans doute, ami lecteur, c’est que le bol étant rempli à ras bord, il m’arrive, à l’occasion d’un pas malheureux, de m’en verser un peu sur la main. Que faire dans ce cas ? L’eau me brûle, j’ai mal, mais si je lâche soudainement le bol tout le contenu va se verser sur moi. Assez connement, je l’avoue, je m’y cramponne donc. N’étant cependant pas stoïcien de vocation, je me mets à pousser une bonne gueulante à cause de la brûlure.

Maintenant, imagines qu’au moment où l’incident somme toute mineur se produit, une voiture de police passe en bas de chez moi et que la force publique, entendant mes cris par la fenêtre, estime que la situation requiert toutes affaires cessantes son intervention.

Cavalcade dans l’escalier, enfonçage de porte. Enervé et surpris, encore endolori de ma mésaventure, je me mets à gueuler de plus belle. Croyant alors avoir affaire à un forcené sûrement coupable d’avoir déjà étranglé la moitié de l’immeuble – et bien que n’ayant jamais été en situation de faillite scolaire – les forces de l’ordre me tasent immédiatement la tronche pour me calmer.


Il se trouve que j’ai une petite faiblesse au cœur. Rien de bien grave, mais on ne sait jamais, un choc, une émotion, le stress, ou les trois ensembles…

Entends mon appel, toi qui lis, méfies-toi comme de la peste de l’impulsion qui te conduit à remplir ton bol à ras bord d’eau bouillante.

Certes, on pourra m’objecter que les circonstances ici données étant rares, ce cas de figure ne saurait constituer une apocalypse, même si quelques personnes y laissaient la vie tous les ans.

Je répondrai ceci. Si tu penses à cette lecture que j’exagère tout de même la portée de cet hypothétique accident, je ne saurais qu’en déduire que tu ne t’es jamais brûlé la main avec de l’eau bouillante alors que tu t’apprêtais à profiter d’un instant de quiétude et de méditation. Auquel cas je n’ai rien à te dire. Philistin.